C’est avec une infinie tristesse que nous avons appris dimanche 16 juin la disparition d’Étienne, retrouvé sans vie à son domicile le matin même. Cette nouvelle nous laisse tous, ses proches et ses amis, dans une sidération douloureuse.
Parcours
Après des études d’Histoire d’où il ressort avec une licence en philologie romane, Étienne se lance dans la grande aventure du 9è art en 2004. Il fait ses premières armes aux éditions Paquet avec la série Vieille Bruyère et bas de soie (2004 à 2007), récit policier d'ambiance situé dans l'Angleterre des années 1930, puis L’épée Ardenois (2010 à 2015) qui se déroule dans un monde médiéval fantastique et enfin la trilogie Les Ailes du singe (2016 à 2019), au cœur de la Grande Dépression dans les États-Unis des années 30. Ces deux dernières séries ont en commun de mettre en scène des personnages animaliers.
Il arrive dans le groupe Bamboo sous le label Grand Angle avec La Fille de l'Exposition Universelle (scénario Jack Manini, 2018 à 2021). On suit les aventures de Julie Petit-Clou, diseuse de bonne aventure, sur fond des différentes expositions universelles de 1855 à 1937. Il laisse le scénario à Jack Manini le temps d’une BD historique « captivante ».
« La magie d’une ligne semi-réaliste élégante parfaitement maîtrisée, aussi bien dans l’action que dans de grandes fresques. » Casemate.
Passionné par Le Paris des Merveilles, série de romans de Pierre Pevel avec qui il s’est lié d’amitié, il contacte Drakoo et en 2020 paraît une série dérivée, Les Artilleuses. En 2022, il s’attaque à la série mère dont il réalise l’adaptation et le dessin.
« Un premier tome très respectueux de l'univers original » Actuabd.
« Willem dessine comme dans sa série Les Artilleuses à l'aide d'un trait semi-réaliste à la sauce Steampunk très plaisant et convainquant. » PlaneteBD.
Le travail d'Étienne Willem se distingue par sa capacité à créer des univers immersifs et variés, allant du steampunk avec Les Artilleuses à des récits plus historiques comme La Fille de l’exposition universelle.
Copyright © Dominick Fusina 2022
Ses éditeurs lui rendent hommage
Etienne avait 51 ans, un extraordinaire talent de conteur assorti à la modestie des vrais grands, un dessin magnifique, une improbable collection de kilts, une inépuisable gentillesse, une immense culture, des whiskys sublimes, une barbe qui vivait parfois une existence indépendante, un rire bas et chaleureux et l’œil pétillant de cet étrange mélange de malice et de désespoir qui faisait de lui quelqu’un de rare et précieux. L’avoir comme ami durant vingt ans a été un privilège, et travailler avec lui ces dernières années a été un honneur, et un bonheur.
Christophe Arleston, directeur éditorial Drakoo.
Goscinny disait d’Uderzo qu’il était le seul à pouvoir dessiner un combat de pieuvres dans une salade de groseilles. Il m’arrivait souvent de le dire à Étienne, un peu parce que je le pensais et, beaucoup pour le faire rosir. C’était tellement tentant de titiller son incroyable humilité… Et puis, j’ai découvert l’Étienne, l'auteur complet, pour un futur album qui lui tenait incroyablement à cœur. Ses doutes, que je ne soupçonnais pas. Sa sensibilité, sa culture impressionnante, sa capacité à tout recommencer, plusieurs fois. Et j’ai compris que le talent d’Étienne n’avait rien à voir avec la facilité, alors que j’avoue l’avoir parfois pensé. Il était tellement doué ! En fait, Étienne ne se faisait pas de concession. En cette sale journée, je peux juste écrire, Étienne, que j’aurais tellement aimé que tu en fasses…parfois.
Hervé Richez, directeur éditorial Grand Angle.
Le voir arpenter les allées de festivals, salons et librairies en kilt nous manquera assurément…
Nos pensées vont bien sûr à ses enfants, sa famille, et à Stéphanie.
Le Groupe Bamboo, les labels Grand Angle et Drakoo.