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La belle et la bête dans un monde fantastique avec Opportune

15/04
Dans Opportune, une malédiction est à l’œuvre. Elle ne touche pas les habitants d’un château et son prince mais toute une population : les nobles et partisans de l’ancienne monarchie céleste.
Ces derniers n’ont pas été transformés en mobilier mais sous les traits d’animaux censés révéler leur caractère.
En voulant obtenir les pleins pouvoirs, les royalistes n’ont fait que provoquer leur propre chute : avec la disparition des sorsavants, détenteurs de la magie fondatrice, et la révolution du peuple, leur univers a collapsé.

Désormais, dans le ciel, ce sont les pirates qui font la loi. Opportune est de ceux-là : capitaine corsaire, navigatrice respectée, elle ne rêve que d’une chose, capturer le fougueux Épigone, ancien officier royal aux airs de lion. Mais, alors que son but se rapproche, elle devra faire face à la dualité de ses sentiments.
 
 
Rencontre avec Isabelle Bauthian

Opportune est une réécriture de La Belle et la Bête, c’est un conte que vous aimez particulièrement ?
 
C’est un conte propice à de nombreuses analyses, qu’elles soient sur l’aspect social, moral ou même sentimental, comme beaucoup de contes finalement.
En règle générale, je trouve qu’on les transpose souvent de manière un peu littérale, on oublie qu’ils étaient censés représenter les valeurs d’une autre époque alors que toute la beauté du conte, c’est de se l’approprier et de le faire évoluer au fil du temps.
C’est l’exercice qui m’a plu avec Opportune : apporter une vision plus moderne. Je me suis amusée à renverser des schémas comme le fait que ce soit la Bête la captive d’Opportune par exemple.


On a un contexte politique fort dans Opportune

J’aime mettre un fond politique dans tous mes récits !
Et pour l’anecdote, à la base, j’avais écrit ce projet en réponse à une demande de Christophe Arleston qui m’avait présenté un dessinateur recherchant une histoire très onirique, visuelle… et sans politique.
Nous avons essayé mutuellement de nous ouvrir à nos univers respectifs, mais nous étions trop différents dans nos attentes.

Grâce à l’arrivée de Nicoletta au dessin et à la couleur, j’ai pu aller à fond dans mon idée !
Pour autant, c’est un univers qui m’a sortie de ma zone de confort. Dans mes récits, la magie a souvent un fonctionnement « scientifique » mais avec Opportune j’ai embrassé l’aspect fable d’un monde totalement magique sans justification rationnelle.

C’était un petit défi, mais le côté irréaliste peut justement permettre d’appuyer des métaphores intéressantes, le principe même du conte !
Et oui, je trouvais sympa de mélanger l’aspect fun « aventure de pirates » avec le thème des révolutions. Notamment les coulisses de ces dernières où rien n’est jamais tout blanc ou tout noir, les exactions n’étant pas rares des deux côtés. C’est une thématique passionnante à explorer !
Si on prend l’exemple de la nôtre par exemple, on a pu facilement glisser dans une sacralisation de la République qui nous a fait tolérer des abus qui nous sembleraient insupportables dans un autre contexte.
Je n’aime pas les symboles indéboulonnables : on peut avoir des valeurs fondamentales mais admettre qu’aucun système politique n’est parfait, que ces derniers existent sous de nombreuses formes et que plusieurs peuvent fonctionner.
Dans Opportune, cette nuance s’exprime aussi au travers des personnages que j’ai sciemment voulu assez ambivalents.
 

Est-ce qu’il y a un personnage que vous préférez ?

Je les aime tous mais j’ai un faible pour Caesar qui est un parfait exemple d’un trope que j’adore : le badass bookworm !
Érudit, il a notamment l’intelligence de s’intéresser au passé pour ne pas faire les mêmes erreurs, mais il a aussi un côté très physique. Après, ce n’est pas un enfant de cœur, mais ça fait aussi son intérêt.
Dans une version plus ancienne, il était beaucoup plus négatif mais je trouvais dommage de le réduire à un rôle de « méchant pertinent » dans un one shot où la perspective d’évolution est plus limitée.

J’aime aussi le personnage d’Opportune pour qui j’ai voulu éviter le cliché de la « femme forte », tout en lui donnant des caractéristiques qu’on retrouve souvent dans des personnages masculins : elle fonce dans le tas, va au-devant d’Épigone et c’est aussi elle la figure d’autorité qui est tempérée par son second, plus raisonnable. C’est une dynamique inhabituelle et j’aime beaucoup les contrepieds !
 
 
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