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Rencontre avec les auterices de l'album Carma de Portepoisse !

12/05
Rencontre avec les auterices de l'album Carma de Portepoisse !
À l'occasion de la sortie de Carma de Portepoisse, découvrez l'interview de la scénariste Rutile et du dessinateur Fred Remuzat ! 
 
Quelle a été la genèse de ce projet ?
RUTILE : Tout a commencé lors du premier confinement. J’étais au bord du burn-out, ma vie était alors plutôt sous le signe de la malchance. Je n’avais qu’un souhait, c’était que le monde s’arrête et, avec l’arrivée du Covid, il l’a fait. Ça m’a fait réfléchir et j’ai pensé que ce serait drôle d’avoir un personnage persuadé d’être tellement malchanceux qu’il a causé l’apocalypse. Puis en bonne amatrice de concepts forts, je savais qu’il fallait créer du contraste avec quelqu’un de très chanceux et la suite a fait son chemin. Parler de chance et de malchance, c’était aussi l’occasion d’avoir un regard critique sur la superstition : la malchance, ça existe parfois, mais on peut agir sur la façon dont on vit les choses. Cette histoire est un peu une ode à la résilience à travers le personnage de Loméllie : on la pense faible, mais elle a en fait une grande force intérieure. Ensuite, mon visionnage de la série Arthdal Chronicles a lancé la réflexion sur le contexte. J’ai un vrai amour pour l’âge du bronze et pour des œuvres comme Conan le barbare ou Xena la guerrière : une période que l’on voit actuellement assez peu en fantasy. C’était mon premier choix, mais Christophe Arleston (le directeur éditorial de Drakoo, ndlr) m’a poussée à trouver encore plus original. J’ai donc cherché une période peu exploitée en fiction et qui pouvait être liée à des histoires de chance et de malchance. C’est là que l’Empire byzantin m’est venu en tête. Sa chute est l’une des plus grosses crises du monde occidental, une sorte d’apocalypse que quelqu’un de malchanceux pourrait craindre d’avoir causée. Enfin, situer le récit à ce carrefour de civilisations, c’était avoir une population diverse : la présence de personnages non blancs était très importante pour moi. Je suis française, mais aussi mauricienne, je voulais retrouver dans mon histoire des personnages qui ressemblent aux gens avec lesquels j’ai grandi. On y a prêté une vraie attention avec Fred et la coloriste, Alice Scimia.
 
Comment s’est passé le développement graphique de l’album ?
RUTILE : Pour les personnages, je voulais par exemple que Carma soit très musclée, comme Xena, mais aussi qu’elle soit maligne et débrouillarde. Son look devait exprimer tout ça et Fred a eu l’idée de s’inspirer du sportswear pour sa tenue : on trouve le résultat très réussi ! Cette phase de recherches aux nombreux allersretours nous a fait gagner une compréhension mutuelle et une vraie souplesse dans notre travail.
FRED : Tout à fait. C’est aussi ce qui s’est passé à la couleur avec Alice d’ailleurs. Je tiens beaucoup à la lumière et aux ombres sur les personnages et c’est ce sur quoi nous avons travaillé ensemble. Graphiquement, ce sont vraiment les personnages qui m’ont permis le plus de m’éclater. Leurs expressions ont été un vrai terrain de jeu. Avec l’humour et les dialogues, ce sont eux qui m’ont séduit sur ce projet. Je ne suis pas familier visuellement de l’heroic fantasy, mais les dialogues de Rutile m’ont donné envie de faire l’effort d’aller vers cet univers.
 
L’humour est de fait très présent dans l’album…
RUTILE. : Quand j’étais adolescente, j’étais fan de Lanfeust de Troy, très connu évidemment pour son sens de la comédie. Et puis en grandissant, je me suis vraiment rendu compte que l’humour était mon mode par défaut, y compris dans l’écriture. Il transparaît toujours, même dans mes histoires plus dramatiques. Mais j’aime le mélange des tons : ça rend toujours les choses plus réalistes, un peu comme dans Buffy contre les vampires, une de mes références en termes d’écriture. Et puis au niveau de l’humour, créer une autre typologie de saints et jouer avec les reliques m’a fait beaucoup rire. C’est un peu comme si la fantasy comique rencontrait La Légende dorée à la frontière de l’Orient.
 
Fred, quelles ont été vos techniques de travail sur cet album ?
FRED : Ma principale préoccupation était de conserver un trait dynamique et vibrant, un effet que j’obtenais grâce à un encrage au crayon. Une fois scannée, j’apportais de la finition et du contraste à la planche tout en gardant l’aspect spontané du crayon. Après quelques tests, j’ai trouvé comment rendre le plus fidèlement possible cet aspect vivant directement sur tablette graphique : c’est donc pour l’instant la technique que j’utilise.

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