En novembre, direction les Pyrénées avec Le Grimoire d’Elfie !
La librairie-bus prend ses quartiers au fin fond des montagnes, dans le bien nommé hameau du Cufo-du-loup où vit Ferran, le Grand-Pè des filles, un vieux berger et ses braves patous. Vivant seul depuis la mort de son épouse, Ferran est un homme doux, mais aussi taiseux et secret. Rapidement, les sœurs constatent qu’il est parfois dans le déni de la perte récente de sa fille Mélusine, ce qui les inquiète : il n’en faut pas plus pour que tante Delphine décide d’enlever le berger à ses montagnes par sécurité.
Mais en découvrant des traces de magie dans un ensemble de couvertures tricotées par sa grand-mère Mamine, Elfie est persuadée de détenir la solution qui permettrait à son Grand-Pè de rester chez lui. Commence alors une formidable chasse au trésor à base de tricot, de carte magique et bien sûr d’origamis !
Ce tome 4 traite en particulier du deuil et des aînés, une thématique chère à Christophe Arleston qui s’est inspiré de sa propre histoire, son grand-père ayant vécu un drame similaire. Ce deuil impossible, comme ce qui arrive au Grand-Pè des trois sœurs, est une situation difficile que beaucoup traversent et que l’auteur tenait à aborder dans cet album, accompagné de sa co-scénariste Audrey Alwett. Quant au tricot, le choix de cet art vient de la Tricomancienne originelle... la dessinatrice Mini Ludvin ! Férue de laines et d’aiguilles, elle nous en dit un peu plus sur elle et les coulisses de ce tome 4 :
Comment as-tu découvert le tricot ?
C’est ma grand-mère qui m’a appris à tricoter et à crocheter quand j’étais petite, je devais avoir 5 ans. Après avoir un peu arrêté durant l’adolescence, je me suis remise au tricot lors de mes études à Angoulême. J’avais du temps et l’envie de réaliser des ouvrages plus ambitieux : il m’a suffi de trouver aiguilles et pelotes. Ce tome est vraiment spécial pour moi, car il rejoint des pans de mon histoire. Après la mort de mes grands-parents, nous avons récupéré des placards entiers remplis de laine. Il y avait même un carton de pelotes estampillé « pour Ludivine », de quoi faire un pull que ma grand-mère n’a pas eu le temps de tricoter.
C’est donc toi qui as suggéré cette thématique pour l’album ?
Oui. En fait ça fait plusieurs années que mon compagnon me dit que je suis une « Tricomancienne » ! Il m’a surnommée ainsi, fasciné par les compétences de tricoteuse qu’on développe avec l’expérience comme déchiffrer un diagramme de motif, tricoter sans regarder ses mains ou encore « lire un tricot », c’est-à-dire comprendre comment a été fabriqué un ouvrage rien qu’en l’observant : dans quel sens il a été monté, s’il a été tricoté en rond ou à plat, les fils utilisés… Aux yeux d’un néophyte, cela peut vite sembler un peu magique ! En me renseignant, j’ai aussi découvert que durant la Seconde Guerre mondiale des tricoteuses faisaient passer des messages codés dans des ouvrages : ça nous a donné plein d’idées pour un personnage de sorcière tricoteuse qui encoderait des formules magiques dans son tricot. Puis, plus on développait Elfie, plus je me disais que cette idée d’une magie tricotée s’intègrerait bien dans cet univers où la magie est familiale et artisanale. J’ai donc soumis l’idée à Christophe et Audrey et vu que dans le tome 4 ils avaient prévu d’aller en Ariège chez le grand-père et ses moutons, ça collait parfaitement !
Le tricot c’est en fait une thématique très riche...
Tout à fait. L’histoire du tricot aborde plein de notions passionnantes, comme les perceptions genrées des activités manuelles dites domestiques et donc « féminines », alors que le tricot a aussi été beaucoup pratiqué par les hommes, contrairement à ce que l’on croit. Beaucoup d’activistes se sont emparées de l’image injustement datée du tricot pour le prendre à contre-pied et en faire un art militant, comme le concept du « Yarn Bombing » qu’on retrouve dans la BD.
Tu aurais des conseils pour les débutants et débutantes ?
YouTube est une vraie mine d’or ! Il est possible d’apprendre entièrement à tricoter via la plateforme. Il y a également une très grosse communauté de tricoteuses en ligne avec Instagram et le site Ravelry, une banque de données mondiale de patrons, principalement de tricot et de crochet. On peut y trouver des modèles pour tricoteuses aguerries comme débutantes. Et avant d’acheter des pelotes de filatures prestigieuses ou des aiguilles sophistiquées, on peut trouver du matériel à Emmaüs pour un petit budget, histoire de voir si ça nous plaît.
Le Grimoire d'Elfie T4 est à retrouver dès le 8 novembre en librairie !