Plume majeure de la fantasy française, Aurélie Wellenstein réinvente les lieux et les époques dans ses histoires, mais elle tient aussi à donner la parole à ceux qui n’en ont pas.
En attendant la sortie cet été du troisième tome de sa série à succès Equinox, cette brillante autrice gâte Drakoo avec deux nouvelles histoires complètes : La Venise des louves et Chevaux de foudre, sortant respectivement en février et mai 2024.
Inspiré de son roman du même nom, Chevaux de foudre prend place dans une Rome antique et fantastique où galopent des chevaux sauvages électriques, les fulgurs, exploités pour des courses spectaculaires.
Thalie, une jeune esclave, va se révolter contre la maltraitance infligée aux chevaux.
Loin des cirques romains, La Venise des louves, une histoire inédite, se déroule dans une version fantaisiste de la ville aux canaux.
Ses habitants sont soumis aux impôts de mystérieux gondoliers, détenteurs d’une bombe aux effets surréalistes. Un groupe de victimes se rassemble pour mener à bout sa vengeance : Renzo et ses quatre louves.
L'interview d' Aurélie WELLENSTEIN :
Tu te sens bien installée dans ton statut à la fois de romancière et maintenant de scénariste ?
Aurélie :Très bien, j’ai même d’autres projets BD en cours de développement chez Drakoo. L’équilibre entre le roman et la bande dessinée s’est fait assez naturellement car ce sont, je trouve, deux manières différentes de créer : je peux alors passer de l’un à l’autre sans que les deux médias ne se fassent concurrence dans ma tête !
Avec Chevaux de foudre, tu t’essayes de nouveau au traitement BD d’un de tes univers romanesques. Tu aimes faire ce genre de transposition ? x
Aurélie : C’est un exercice difficile, car il faudrait faire rentrer tous les propos d’un roman dans un nombre de pages plus limité : on est donc obligé de choisir.
Pour Chevaux de foudre, j’ai décidé de retenir la thématique de la relation au cheval.
Justement, les chevaux sont très présents dans ta carrière d’autrice. Peux-tu nous parler de ta relation au cheval et aux animaux en général ?
Aurélie : J’ai vraiment à cœur, à travers mes fictions, de donner la parole aux animaux et également de proposer des relations interespèces qui soient respectueuses et empathiques.
Questionner notre connexion avec le monde animal et naturel me semble primordial pour sortir de la vision utilitariste à laquelle nous l’avons réduite.
Dans Chevaux de foudre, au beau milieu d’un environnement antique fantastique, j’aborde la notion moderne de l’éthologie.
Je souhaite mettre en scène une relation d’égalité entre Thalie et le cheval, où même le fait de monter sur l’animal est questionné.
Je me suis toujours sentie proche et fascinée par les animaux. J’ai longtemps fait du cheval enfant, puis j’ai arrêté parce que j’estimais qu’il s’agissait d’exploitation. Dans les années 90, il n’y avait pas de place pour l’éthologie dans l’équitation.
Cet arrêt a été difficile, c’est pourquoi j’ai pris la décision récemment d’y revenir et d’aller vers des écuries plus en accord avec mes principes.
On a fait des progrès dans le monde équestre, même s’il reste beaucoup de chemin à parcourir.
Maintenant, on est moins dans un rapport axé sur la domination et la soumission, pensée assez courante dans les domaines animaliers.
Tu te bases souvent sur des contextes préexistants (l’Antiquité, Venise…) recouverts d’un vernis d’imaginaire pour développer tes histoires…
Aurélie : Oui, c’est le principe du pas de côté. On part d’un univers qui va sembler familier au lecteur et on le décale pour pouvoir aborder de façon symbolique et métaphorique des sujets graves comme c’est le cas dans La Venise des louves, où je fais une relecture fantasy des traumatismes liés aux attentats.
Quelques mots sur la suite d’Equinox ?
Aurélie : Kamara va commencer à retrouver ses sœurs. Dans le tome 3, elle se rend avec Tenebrae dans le nord d’Equinox, un lieu ressemblant au monde viking.
Elle y trouve Ayline mal en point. Depuis qu’elle a ingéré une potion maléfique, celle-ci galope au milieu des grandes terres volcaniques sans pouvoir trouver le repos…
