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Une quête de vengeance dans une Venise fantastique !

05/02
L’archipel était un endroit paisible jusqu’à ce que l’une de ses îles ne s’éteigne brusquement.
Celle que l’on surnomme désormais l’île Noire est totalement coupée du monde et les multiples expéditions de secours qui s’y sont aventurées n’en sont jamais revenues.
 
Elle est même devenue un danger de premier ordre, car elle constitue désormais le refuge de mystérieux gondoliers. Sillonnant les canaux d’une Venise de fantasy, ils exigent des habitants qu’ils payent un impôt exorbitant, sous peine de voir leur quartier ravagé par l’une des bombes D dont ils ont le secret.
 
Des attaques-suicides dont les effets surréalistes – distorsion, dispersion, démence, et dévoration – ont des conséquences dévastatrices pour les survivants.
 
Renzo, pianiste surdoué qui a perdu une main lors d’un attentat, a rassemblé autour de lui quatre femmes, elles aussi victimes des terroristes. Cachés sous des masques de loup, les membres de cette meute cherchent par tous les moyens à accoster sur l’île Noire, pour enfin assouvir leur vengeance...
 
 
Rencontre avec Aurélie Wellenstein, scénariste de la BD La Venise des louves :
 
Pouvez-vous nous raconter la genèse de cet album ?
 
C’est parti de quelques mots : une femme traumatisée par les attentats de 1995 s’était repliée chez elle, entourée de ses chiens.
Ses molosses étaient son soutien dans cette épreuve, face à la peur et au sentiment d’abandon. J’ai imaginé un homme, Renzo, pianiste surdoué, ayant perdu un bras lors d’un attentat sur un marché. Lui s’est entouré de « louves ». Dans mon histoire, ces « louves » sont des femmes masquées, toutes victimes des bombes elles aussi. Ensemble, ils forment une nouvelle famille, une meute, comme les cinq doigts d’une main, celle qui a été arrachée.
C’est un album sur le choc traumatique, le désir de vengeance, et la résilience.
 
 
Tu te sens bien installée dans ton statut à la fois de romancière et maintenant de scénariste ?
 
Très bien, j’ai même d’autres projets BD en cours de développement chez Drakoo.
L’équilibre entre le roman et la bande dessinée s’est fait assez naturellement car ce sont, je trouve, deux manières différentes de créer : je peux alors passer de l’un à l’autre sans que les deux médias ne se fassent concurrence dans ma tête !
 
 
De quelle manière fonctionne votre duo avec Emanuele Contarini ?
 
Il m’a bluffé par son sens artistique. Il a une vraie vision de l’histoire. Chaque scène, chaque personnage, chaque détail est mûrement réfléchi, pensé, et repensé, jusqu’à ce qu’Emanuele atteigne la perfection qu’il s’impose. Cet album est le fruit de son travail acharné, et de son exigence sur plusieurs années.
 
 
Tu te bases souvent sur des contextes préexistants (l’Antiquité, Venise…) recouverts d’un vernis d’imaginaire pour développer tes histoires…
 
Oui, c’est le principe du pas de côté. On part d’un univers qui va sembler familier au lecteur et on le décale pour pouvoir aborder de façon symbolique et métaphorique des sujets graves comme c’est le cas dans La Venise des louves, où je fais une relecture fantasy des traumatismes liés aux attentats.
 
Quel genre de terrain de jeu est Venise ? Avant tout celui des masques, du carnaval. Dans les comics, les super-héros sont masqués ; parce qu’ils veulent restaurer la justice, ou assouvir leur vengeance.
Dans cette histoire, le traumatisme est enfoui sous le masque, et l’angoisse est convertie en violence. Sauf que cela ne fonctionne pas. Les personnages vont devoir se libérer de ces masques.
 
 
Dans cet album, le loup (ou plutôt la louve) tient une place importante en tant qu’animal totémique. Que symbolise-t-il dans une Cité des Doges historiquement placée sous la protection du lion ?
 
Le lion est un symbole de pouvoir, de force, de bravoure. En astrologie, c’est un signe de feu. De nombreuses cultures anciennes le considèrent comme un symbole solaire. Avec mes louves, je vais plutôt axer l’histoire sur un animal nocturne, furtif, lié à la lune.
Une bonne partie de cet album se passe la nuit. La couverture exprime cela, d’ailleurs.
Mais surtout, les personnages sont réunis en meute. Ils forment une cellule familiale, où s’épanouissent la solidarité et la confiance. La meute protège, aime et fait évoluer.
 
Enfin, je suis lectrice de Clarissa Pinkola Estés. Femmes qui courent avec les loups est un essai sur le féminin sacré, où l’autrice explique que, pour courir avec les loups, il faut se reconnecter à sa part sauvage. Femmes et loups ont subi l’oppression.
Le loup totémique reconnecte la femme à sa nature magique.
 
Vous qui n’aviez jamais écrit pour la bande dessinée, voici que vous publiez déjà votre troisième album, chez Drakoo. Quel bilan tirez-vous de ces premières expériences ?
 
C’est sans doute prématuré de tenter de tirer un bilan. Mes trois albums sont des expériences assez différentes les unes des autres. La Baleine blanche des mers mortes est une fable écolo-poétique, Equinox une série d’aventure équestre et épique, et La Venise des louves se concentre sur la notion de reconstruction psychique. Je cherche et je me cherche. On en reparle dans quelques années !
 
 
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